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Qu'est-ce que le développement personnel ?

Coaching

Définition du DP, Un processus d’individuation ? ; Le DP comme expression des « forces » ? ; Le flux ? ; Pour qui ?

Le développement personnel, qu'est-ce que c'est ?

La définition du développement personnel

Le développement personnel est une démarche globale de réflexion sur soi et de valorisation de son potentiel dans le but d’améliorer la qualité de sa vie et de réaliser ses aspirations profondes.

Deux des principales références en développement personnel, Maslow (1972, 2008) et Rogers (2005) considèrent la psychothérapie comme une partie intégrante du développement personnel. Il n’en reste pas moins que la prise en compte de la santé mentale pour éclairer la notion de développement personnel reste tout à fait instructive.

Les publications académiques associent régulièrement le développement personnel au coaching, au management, à la formation mais aussi à la santé mentale, la thérapie, la relation d’aide et le conseil. Dans la plupart des cas, le développement personnel a des racines dans :

  1. la philosophie, dont plus spécifiquement la philosophie antique.
  2. la psychologie moderne, dont plus particulièrement la psychologie humaniste et la psychologie positive.

L’expression développement personnel renvoie à des courants théoriques variés comme la psychologie humaniste, la psychologie analytique ou la psychologie positive.

La conceptualisation de la santé mentale​

Jahoda (1958) est une des pionnières dans la conceptualisation de la santé mentale et son ouvrage continue à être une référence. Elle a mis en évidence qu’il était inadéquat de considérer la santé mentale comme étant l’absence de maladie mentale (Jahoda, 1958). Pour Jahoda, la santé mentale est plus que l’absence de maladie mentale et elle propose 6 concepts fondamentaux pour la caractériser :

  1. l’attitude de l’individu vis-à-vis de lui-même ;
  2. le style et le degré de développement, de croissance ou d’actualisation de soi ;
  3. l’intégration des fonctions psychologiques ;
  4. l’autonomie ;
  5. une perception adéquate de la réalité ;
  6. la maîtrise de l’environnement.

Ces travaux ont servi de base à la conception actuelle de la santé mentale dont en particulier celle de Keyes (2002, 2006) et de Ryff (1989) qui en a proposé les premières mesures psychométriques solides.

C’est en 2004 que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a pour la première fois conceptualisé la santé mentale comme n’étant pas seulement l’absence de maladie mais la présence « d’un état de bien-être dans lequel l’individu réalise ses propres capacités, peut faire face aux stress normaux de la vie, peut travailler productivement et de manière fructueuse, et est capable d’apporter sa contribution à sa communauté (World Health Organisation, 2004, p.12).

Le concept d’actualisation de soi

Les travaux de Leclerc, Lefrançois, Dubé, Hébert et Gaulin (1998) nous permettent d’examiner la notion de développement personnel sous le concept d’actualisation de soi (self actualization). Selon ces auteurs, l’actualisation de soi est une des constructions théoriques majeures de la psychologie humaniste, d’une grande valeur heuristique et inspirant d’abondantes recherches, jusqu’à aujourd’hui.

Une définition de l’actualisation de soi est ensuite proposée comme étant un « processus à travers lequel son potentiel se développe en congruence avec sa perception de soi et sa propre expérience » (Leclerc et al, 1998, p.78-79).

De plus, les auteurs nous précisent que l’actualisation de soi ne peut pas être évaluée de l’extérieur, par les comportements. Le même comportement peut refléter une actualisation de soi élevée ou faible selon sa congruence avec la structure individuelle du soi. L’évaluation de l’actualisation de soi n’est dans ces conditions possible que par une observation clinique ou par un questionnaire autoréflexif.

Le développement personnel, un processus d’individuation ?

Dans la psychologie analytique de Jung, l’individuation est la démarche qui consiste à se différencier des archétypes de l’inconscient collectif. Autrement dit, tant que l’individu ne s’est pas individué, il n’est rien d’autre que le prolongement de facteurs collectifs dont il n’est pas conscient (Jung, 1964).

Dans cette éventualité, la conscience individuelle (le Moi), est absorbée par l’inconscient collectif pour y être refoulée ; ceci a tendance à anéantir ses caractéristiques individuels, son sens moral et spirituel, puis à alimenter une négativité qui tend à se projeter individuellement et collectivement dans la société.

D’après Jung, on pourrait donc traduire le mot ‘individuation’ par ‘réalisation de soi-même’, ‘réalisation de son Soi’ ».

Pour cela, il est nécessaire de prendre conscience du contenu de l’inconscient, de se différencier des archétypes de l’inconscient collectif (la persona, l’anima, l’animus, la personnalité mana…) et d’étendre le champ de conscience jusqu’à atteindre ce point d’équilibre qui est le Soi. 

Différents points mentionnés ci-avant sont également exprimés par Maslow, en particulier dans sa définition de la santé psychique (Maslow, 1972), plus précisément sous les concepts d’indépendance par rapport à l’environnement, de résolution des dichotomies et d’expériences paroxystiques ou de transcendance.

Maslow comme Jung met en avant le rôle et la place de l’environnement dans le développement personnel ; ils démontrent tous deux que d’un côté le développement personnel implique de s’affranchir de l’environnement mais que cette possibilité connaît des limites car l’environnement continue à agir sur l’individu.

Le développement personnel comme expression des « forces »

Seligman et Peterson (2004) ont réhabilité des notions qui n’étaient plus confinées qu’à la psychologie de la personnalité et à la philosophie : il s’agit des forces et des vertus. Ces termes sont ici utilisés dans leur acception philosophique (Aristote).

L’équipe de recherche de Seligman a fait émerger 6 vertus universelles :

  1. Sagesse et Connaissance ;
  2. Courage ;
  3. Amour et Humanité ;
  4. Justice ;
  5. Tempérance ;
  6. Spiritualité et Transcendance.

Il est possible d’accéder à chacune des vertus selon différentes forces. Les « forces » sont les chemins que l’on prend, à travers un acte de volonté pour développer les « vertus ».

Il en existe quelques-unes qui constituent pour chaque individu les « Signature Forces (Signature Strengths) ». Ce sont ces forces que la personne s’approprie, qu’elle célèbre, et utilise le plus fréquemment au travail, en amour, en détente (dans le jeu) et en tant que parent.

Pour Seligman, la clé d’une vie pleine et épanouie consiste à utiliser ses Signature Forces chaque jour dans les principaux domaines de sa vie pour amener une abondante gratification et un bonheur authentique.

Ici, le développement personnel consiste à exercer de manière volontaire et délibérée ses Signature Forces pour exprimer pleinement les vertus correspondantes. 

Une nouvelle notion de développement personnel : le flux

Pour Csikszentmihalyi, le développement personnel consiste à élever le degré d’organisation, la cohérence et l’ordre dans notre conscience, en réorganisant notre attention (énergie psychique), et à nous affranchir d’une certaine influence collective, qu’elle soit génétique ou culturelle.

Pour lui : « La seule façon de reprendre possession de notre vie, c’est d’apprendre à diriger notre énergie psychique pour servir nos intentions personnelles »

Une des grandes particularités de cette approche est l’importance cruciale accordée à l’attitude que l’on adopte dans ses activités.

Il s’agit de considérer toute activité comme opportunité d’être dans le flux. En effet, lorsqu’une personne est dans cet état de flux, alors elle tend vers le fonctionnement optimal du corps et de l’esprit.

Pour cela, il est nécessaire que :

  1. les objectifs soient clairs ;
  2. la rétroaction (feedback) pertinente ;
  3. les défis soient équilibrés par rapport aux capacités ;
  4. la personne soit pleinement concentrée sur la tâche, dans l’instant présent.

À qui s'adresse le développement personnel ?

S’il est clair que les interventions en développement personnel ne remplacent pas les traitements des pathologies, elles peuvent tout à fait les compléter et les renforcer (Seligman, 2002 ; Fredrickson, 2009).

Cependant, impliquant l’exercice d’un choix délibéré, voire d’une réelle volonté, il n’est pas évident que tout le monde soit en mesure de s’y engager ou du moins en ait envie.

Les éléments rassemblés jusqu’ici me permettent de dire que le développement personnel requiert un minimum de maturité, correspondant à la recherche d’un certain épanouissement. 

Pour résumer

Le développement personnel est un processus dont les états de bien-être, de flux ou d’épanouissement ne sont que des fruits naturels ou des émergences, mais difficilement une fin en soi car le processus est sans fin et dynamique.

Il consiste à mieux se connaître et à exprimer toujours plus pleinement son potentiel et ses forces.

Le développement personnel entraîne une forme d’expansion du champ de conscience, qui a tendance à réduire ou à atténuer nettement l’identification à un moi (ego) séparé ou isolé tout en renforçant nettement l’individualité.

Il en résulte à la fois une plus grande autonomie et une plus grande capacité à inclure l’autre (interpersonnel) et l’environnement.

Enfin, ce processus renforce la maturité, dans le sens où l’individu développe une perception beaucoup plus réaliste des choses, de l’autre et de l’environnement. La personne est beaucoup plus en prise avec le Réel et les choses telles qu’elles sont.

Le développement personnel est un fonctionnement optimal.

 

Sources : Vers une définition du développement personnel – Franck Jaotombo